Une étude de la DARES, intitulée « Quelle exposition des travailleurs handicapés aux différents risques professionnels ? », met en évidence une surexposition des travailleurs handicapés aux risques professionnels par rapport à leurs collègues non handicapés. Ces risques couvrent huit dimensions : la pénibilité physique, l’intensité du travail, l’autonomie limitée, les exigences émotionnelles, le manque de soutien social et de reconnaissance, les conflits de valeurs, l’instabilité du poste et les contraintes d’organisation du temps de travail.

L’étude montre que cette surexposition des travailleurs handicapés est globale ; ils subissent davantage de risques dans toutes les dimensions analysées.

Les salariés handicapés sont particulièrement touchés par des pénibilités physiques accrues, telles que le bruit, le port de charges lourdes, les mouvements pénibles, les produits dangereux et les environnements insalubres. Par exemple, 27 % d’entre eux déclarent être exposés à des niveaux élevés de bruit, contre 18 % pour les salariés non handicapés. Un tiers d’entre eux cumulent au moins six facteurs de pénibilité physique, contre un quart de leurs homologues non handicapés. Cependant, des adaptations ou reclassements à des postes moins exigeants physiquement semblent avoir un effet protecteur pour certains ouvriers handicapés.

Les conditions de travail des salariés handicapés sont également marquées par une forte intensité, avec des rythmes imposés, une pression accrue sur la minutie et la concentration, ainsi que des exigences émotionnelles importantes. Ils sont davantage confrontés à des tensions dans leurs relations avec la hiérarchie, leurs collègues ou le public. Environ un tiers des travailleurs handicapés rapportent devoir dissimuler leurs émotions, une proportion bien plus élevée que celle des autres salariés.

L’autonomie est un autre domaine où les travailleurs handicapés se trouvent désavantagés. Plus de la moitié d’entre eux doivent répéter les mêmes gestes en continu, contre 40 % des autres salariés. Ils subissent un contrôle plus strict et disposent de moins de marge de manœuvre dans l’organisation de leur travail.

Le manque de soutien social et de reconnaissance est une problématique majeure. Les travailleurs handicapés se sentent souvent isolés, jugent leur emploi mauvais pour leur santé et perçoivent un déficit de soutien de la part de leurs collègues et supérieurs. Ils estiment également que leur travail est sous-valorisé et que les perspectives d’évolution professionnelle sont limitées.

Les conflits de valeurs sont fréquents parmi les salariés handicapés, qui se heurtent à des désaccords avec les tâches à accomplir ou souffrent d’un manque de moyens pour les réaliser correctement. Environ 14 % expriment un sentiment de désaccord avec leur travail, contre 9 % chez les salariés non handicapés, un écart notable.

Ces salariés sont également plus préoccupés par leur avenir professionnel. Ils craignent davantage de perdre leur emploi et de ne pas retrouver un poste équivalent en termes de rémunération. Près de 24 % redoutent une perte d’emploi imminente, contre 20 % des autres salariés. Cette instabilité est exacerbée par un manque d’information sur les évolutions de leurs postes et des changements imposés sans concertation.

Enfin, l’organisation du temps de travail constitue une contrainte supplémentaire. Malgré une plus grande proportion de contrats à temps partiel, les salariés handicapés sont confrontés à des horaires rigides, des journées fractionnées et un travail plus fréquent le week-end. Les ouvriers handicapés, en particulier, rapportent des horaires décalés et des contraintes importantes, bien qu’ils soient moins souvent dérangés en dehors des heures de travail.

Cette étude révèle donc une exposition importante des salariés handicapés à des risques multiples. Une adaptation renforcée des conditions de travail et un soutien professionnel adapté sont ainsi nécessaires pour réduire ces inégalités.

C’est ce que mettent en place de nombreuses structures du travail protégé et adapté, notamment via un management respectueux et un accompagnement à la montée en compétences avec la formation professionnelle. Il convient également d’aider les travailleurs handicapés à exprimer leurs besoins et à assumer de demander des adaptations. Les employeurs se trouvent parfois démunis face à la « non-acceptation » du handicap et donc à l’impossibilité de faire des aménagements, parfois faciles à mettre en œuvre, pour de meilleures conditions de travail.